Les Enfants du Design ont découvert Rose Minuscule alors qu’ils étaient partis en quête de cadeaux de Noël merveilleux pour apporter un peu d’aide à un Père Noël débordé… Telle une petite fée, Laurence Bonnet créatrice de Rose Minuscule nous a généreusement ouvert ses portes, celles de son atelier mais aussi celles de son petit monde intérieur.
1 – Merci Laurence de nous accorder un peu de ton temps si précieux… Racontes-nous comment est né Rose Minuscule ?
D’abord il y a la petite fille que j’étais, qui était toute seule bien souvent et qui pour occuper des mercredis trop grands cousait des poupées dans de vieux morceaux de tissu. Ensuite, j’ai fait des études d’Arts plastiques au lycée, puis à la fac. J’étais dans mon élément et j’avais la sensation d’avoir trouvé ma place. Je me voyais plus tard professeur des écoles, professeur d’arts plastiques ou auteure jeunesse. Mais j’ai interrompu assez vite mes études car mon premier bébé est arrivé. Mes envies ont été mises entre parenthèses mais sans regrets car ma fille était devenue ma priorité, mon univers.
Puis quelques années et deux autres bébés plus tard, déçue par des expériences professionnelles douloureuses, je me suis demandée ce que je savais faire, ce que j’aimais vraiment faire ! J’ai repensé au plaisir immense que je ressentais lorsque enfant je créais des personnages de tissu. J’ai donc eu ma première machine à coudre et l’aventure a commencé.
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2 – D’où vient le nom « Rose Minuscule » ?
Je voulais un nom évocateur de fragilité, de poésie. Quelque chose de désuet et de doux qui rappelle l’enfance. Prénom, fleur, couleur ? J’aime bien les différentes lectures qui peuvent se faire à travers ce nom et j’aime l’image de la toute petite chose, graine ou bourgeon qui ne demande qu’à grandir et s’épanouir.
3 – Tes créations dégagent beaucoup de poésie mais aussi beaucoup de mélancolie. Un petit parfum d’antan qui plaît beaucoup aux grands-parents notamment… Y a-t-il une explication à cela ? Est-ce que tes créations sont inspirées de souvenirs d’enfance ?
J’ai eu une enfance merveilleuse dont je suis très nostalgique. J’ai aimé cette époque et bien entendu la plupart de mes créations en sont inspirées. J’ai envie de retranscrire à travers mon travail la douceur, l’amour, la tendresse que j’ai reçu enfant. Comme je l’ai évoqué, j’ai aussi été souvent très seule étant petite mais cela n’a jamais été douloureux pour moi : je me plongeais dans les mondes imaginaires de mes livres d’enfants. Je dessinais beaucoup, j’inventais et écrivais des petites histoires et créais toute sorte d’objets et de personnages en pâte à modeler, tissu, bouts de bois… Je me sers aujourd’hui de ces univers et de ces personnages dans mes créations.
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4 – La question qu’on brûle de poser aussi devant tant de minutie et de détails soignés c’est : « Combien de temps ? » Alors dis-nous, ça te prend combien de temps de faire un ours par exemple ?
Je passe beaucoup de temps à réaliser mes ours, mes mobiles… Je ne compte pas vraiment : une fois la création commencée, je perds un peu la notion du temps, je m’envole loin… Je dirai qu’un ours, tout habillé, me prends plus ou moins 5 heures de travail. La priorité dans mon travail de créatrice est d’arriver là où je voulais aller : obtenir le résultat que je souhaite. Si mon personnage a besoin de temps pour exprimer ce qu’il a à exprimer alors je lui consacre le temps nécessaire. Ma priorité est la qualité : cela m’apprend chaque jour la patience, la minutie…
5 – Y a-t-il un détail, un accessoire « infernal » à faire ? Je veux dire le truc le plus difficile qui te demande une concentration optimale pour ne pas être raté ?
L’accessoire infernal pour moi est l’épuisette utilisée dans les mobiles « l’attrapeur ou l’attrapeuse de nuages ». Ce n’est pas un élément difficile à faire mais long, pénible et qui fait mal aux doigts ! Et puis je crois que j’en ai trop fait ! Pour la difficulté, je dirais le visage des ours. Je suis très concentrée quand je brode à main levée le museau et les yeux des ours : je veux trouver la juste expression entre la douce tristesse et le fragile bonheur. Ensuite, toute l’étape qui consiste à monter l’ensemble du visage me paraît difficile et long à faire. Disons que quand le visage est fait, je suis plutôt contente et soulagée ! Tout est entièrement fait par moi. Aucun élément n’est acheté tout fait et utilisé tel quel. Je pars de matériaux bruts pour créer chaque détail ( lampions, chapeaux haut de forme, fleurs crochetées, épuisettes…) Même les cerceaux des mobiles sont réalisés à partir de fil de fer assemblé et arrondi patiemment un à un à la main. Bien entendu, Rose Minuscule est une aventure familiale et dans les moments de surcharge, j’ai la chance de voir se regrouper ceux que j’aime autour de moi pour me donner un coup de main ( merci à S, M,M et V !)
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6 – C’est un travail de fourmi ! Est-ce que tu produis tous les jours un petit peu ? A quoi ressemble une journée normale dans la vie de Laurence Bonnet ?
Mes journées commencent de très bonne heure car j’aime travailler quand toute la maison est encore endormie. Et puis je suis efficace le matin, alors j’en profite ! Je commence par répondre à mon courrier en prenant mon café. Puis ma journée de création commence. En général, je mets une chanson, toujours la même, en boucle ( ce qui peut vite rendre complètement dingue quiconque se risquerait à rester plus de 15 minutes dans mon atelier !). Moi, cela m’aspire, m’hypnotise et je travaille sans relâche jusqu’au soir. Dans l’après-midi, je suis obligée de grignoter un bout ou deux de chocolat pour tenir le coup. En fait, je suis très gourmande et cela m’encourage. Par exemple : une épuisette = un bonbon !! Ca passe tellement mieux ainsi !
7 – Où vas-tu chercher tous ces beaux tissus ? Est-ce que tu les chines ?
Il m’arrive de chiner certains tissus mais ils sont alors réservés aux pièces uniques. Pour les collections en petites séries, j’achète mes tissus au coup de cœur. Le marché Saint Pierre, Mondial Tissu, Anna K Bazar ainsi qu’une toute petite et très vieille boutique de tissu pour patchwork à deux pas de chez moi sont mes lieux de prédilection.
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8 – Des rêves, des projets pour bientôt ?
Si j’arrive à avoir un peu plus de temps libre cette année, j’aimerai m’inscrire à un atelier de poterie-céramique pour retrouver et explorer de nouveaux horizons. J’aime beaucoup le modelage et j’aimerai créer des petites saynètes pour Rose Minuscule. J’aimerai aussi mettre au point un prototype de poupée en tissu à habiller et câliner
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9 – Parmi tes créations, est-ce que tu as un chouchou ?
Quand je crée, je suis détachée de mes créations. Même si elles me plaisent toutes, je n’en garde aucune et n’ai aucun mal à m’en séparer. Mais une d’elle m’a touchée particulièrement et j’ai eu très envie de la garder pour moi : c’est un de mes ours, un noir avec une grosse écharpe en laine écrue.
Merci Rose Minuscule pour ce voyage dans les étoiles !